L'évolution du droit des femmes est un processus complexe et progressif qui s'étend sur plusieurs siècles, marqué par des luttes sociales, politiques et juridiques. En occident, cette évolution a été particulièrement influencée par les mouvements féministes, qui ont revendiqué l'égalité des droits et des chances pour les femmes dans de nombreux domaines, tels que le mariage, l'éducation, le travail, la politique...
HISTOIRE DE LA JOURNÉE DE LA FEMME : en 1910, lors de l'Internationale socialiste à Copenhague, Clara Zetkin propose d'instaurer une Journée de la femme, une initiative qui prendra forme quelques années plus tard, le 19 mars 1911, par de grandes manifestations en Allemagne, au Danemark et en Suisse. Les femmes y réclament le droit de vote et le droit au travail, des revendications qui symbolisent les premières étapes d'une mobilisation féministe. En 1917, le 8 mars, une manifestation de femmes ouvrières à Saint-Pétersbourg, réclamant « du pain et la paix », précipite la chute du tsar et la conquête du droit de vote par les femmes en Russie. Cette date sera ensuite choisie en 1921 par Lénine comme celle de la Journée internationale de la femme. Cependant, il faudra attendre le 16 décembre 1977 pour que les Nations Unies reconnaissent officiellement cette journée à l'échelle mondiale. En France, la Journée ne sera officialisée qu'en 1982, sur proposition d'Yvette Roudy.
Le 8 mars 1982 pour la première fois en France sous la présidence de François Mitterrand, les femmes verront une journée dédiée exclusivement à elles et leurs droits. En effet, François Mitterrand recevra 450 femmes, représentant les milieux socio-professionnels et les associations. A cette occasion, il annoncera plusieurs mesures prévoyant des avantages conséquents pour les femmes, dans le déroulement de leur vie aussi bien personnelle que professionnelle. De plus, le 15 mai 1991, Édith Cresson, sous la présidence de François Mitterrand toujours, devient la première femme première ministre.
Mais cette journée de la femme ne se veut pas seulement célébrer les projets réalisés chaque année dans la lutte pour les droits des femmes, elle vise également à sensibiliser à l’égalité des genres en rappelant que le monde continue de se battre contre les inégalités persistantes entre les hommes et les femmes dans de nombreux domaines. Le but étant de mettre en lumière les luttes restantes telles que les violences faites aux femmes, la parité en entreprise et en politique, l’égalité salariale et bien d’autres.
Cependant, les évolutions sont nombreuses concernant le droit des femmes, et il est primordial de continuer à les mettre en avant afin de les réaffirmer chaque année et de faire hommage aux figures emblématique de cette lutte.
1791, Olympe de Gouges : La première féministe”
C’est en 1791, que l’on peut parler de commencement de l’évolution des droits des femmes, en effet une grande dame du nom d’Olympe de Gouges publie la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.
Ce texte qui est un pastiche de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen présenté à l’Assemblée nationale le 28 octobre 1791. Ce texte est ainsi considéré comme fondateur pour l’évolution de ces droits, prônant l’émancipation de la femme, considéré comme une œuvre audacieuse et visionnaire qui défie les normes patriarcales de l'époque. Alors que la Révolution française continue de bousculer l'ordre établi et d'affirmer les idéaux de liberté, d'égalité et de fraternité, Olympe de Gouges, en tant qu'écrivaine et militante féministe, prend la plume pour rappeler à la nation que ces principes doivent également s'appliquer aux femmes. Dans un contexte où les femmes sont encore exclues des droits civiques et politiques, cette déclaration d’une grande portée résonne comme un cri de liberté, exigeant que les femmes puissent jouir des mêmes droits que les hommes, non seulement dans la sphère privée mais aussi dans la sphère publique.
Dans cet ouvrage, Olympe de Gouges réclame l’égalité entre les sexes, le statut de citoyenne pour toute femme, à l’égal des hommes : « Les mères, les filles, les sœurs, représentantes de la Nation, demandent à être constituées en Assemblée nationale. »
Rejeté par la Convention, le texte demeurera lettre morte. Engagée dans la révolution, soutenant les Girondins, s’opposant à l’exécution de Louis XVI, Olympe de Gouges sera guillotinée le 3 novembre 1793
Malgré cette initiative d’Olympe de Gouges qui publie, en 1791, la Révolution française ne modifie pas la condition des femmes et ne leur ouvre pas le chemin de la citoyenneté. Au contraire, en 1804, le code civil institutionnalise l’infériorité de la femme qui "doit obéissance à son mari".
Sous la IIIe République, les femmes bénéficient d’avancées civiles comme l’accès à l’instruction et la Première Guerre mondiale démontre qu’elles sont indispensables au bon fonctionnement de l’économie.
21 avril 1944 : Le droit de vote des femmes en France, une conquête tardive mais décisive
Le 21 avril 1944, à Alger, le Comité français de la Libération nationale (CFLN), dirigé par le général de Gaulle, adopte une ordonnance accordant aux femmes françaises le droit de vote et d’éligibilité. Cette avancée majeure met fin à une longue inégalité entre les sexes en matière de participation politique, plus de 150 ans après la Révolution française et la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, qui n'avait reconnu ces droits qu'aux hommes.
Jusqu’à cette date, malgré de nombreuses revendications portées par des figures emblématiques comme Olympe de Gouges au XVIIIe siècle ou les suffragettes du début du XXe siècle, les femmes restaient exclues du processus électoral en France. La IIIe République, pourtant progressiste sur certains aspects, s’était montrée réticente à cette réforme, notamment sous la pression des milieux conservateurs et religieux qui redoutaient une influence féminine perçue comme traditionnelle et cléricale.
L’ordonnance du 21 avril 1944 corrige cette injustice, bien que la France arrive tardivement dans ce domaine par rapport à d’autres pays européens. En Finlande, les femmes votaient dès 1906, suivies par la Norvège en 1913, la Russie et l’Allemagne en 1918, puis le Royaume-Uni en 1928 pour toutes les femmes.
Les Françaises exercent leur droit de vote pour la première fois lors des élections municipales du 29 avril 1945, avant de participer aux élections législatives du 21 octobre 1945. Cette reconnaissance politique marque un tournant dans l’histoire des droits des femmes en France et ouvre la voie à une participation plus active des femmes à la vie publique et institutionnelle du pays.
28 décembre 1967, Loi Neuwirth : La légalisation de la contraception, une révolution pour les droits des femmes
La loi du 28 décembre 1967, dite loi Neuwirth, marque une rupture importante dans le droit français en autorisant la contraception. Jusqu’alors, la législation en vigueur depuis 1920 interdisait toute propagande anticonceptionnelle, limitant ainsi l’accès aux moyens contraceptifs et à l’information en la matière. Cette interdiction était justifiée par une volonté de relancer la natalité après les pertes humaines considérables de la Première Guerre mondiale.
Avant 1967, la contraception était prohibée par la loi du 31 juillet 1920, qui pénalisait non seulement l’usage des moyens contraceptifs, mais aussi leur diffusion et leur promotion. L’article premier de cette loi interdisait expressément « toute propagande anticonceptionnelle sous peine d’amende et d’emprisonnement ». Cette interdiction était renforcée par l’ordonnance du 15 février 1945, qui sanctionnait toute incitation à la contraception.
Dans les années 1960, sous l’influence de l’évolution des mœurs et du progrès médical, des revendications féministes et des mouvements en faveur du droit à la contraception émergent, soutenus par des figures comme Simone Veil ou encore par le Mouvement français pour le planning familial, la question contraceptive est devenu un enjeu de santé publique et de liberté individuelle.
La loi n°67-1176 du 28 décembre 1967, portée par le député Lucien Neuwirth, met fin à 47 ans d’interdiction et autorise la contraception en France. Toutefois, l’application de la loi n’est pas immédiate, car des décrets d’application doivent être adoptés. Ce n’est qu’en 1972 que la pilule contraceptive est effectivement disponible en pharmacie.
Les dispositions principales de la loi sont les suivantes : La légalisation de la contraception par l’achat et l’usage de contraceptifs rendus licites (notamment la pilule). Deuxièmement cette loi lève l’interdiction de propagande anticonceptionnelle c’est-à-dire que l’information sur la contraception devient possible, permettant un accès facilité aux conseils médicaux et éducatifs. Enfin, la délivrance des contraceptifs est soumise à une prescription médicale.
Malgré cette avancée, la contraception reste interdite aux mineures sans autorisation parentale, limitant ainsi l’autonomie des jeunes femmes. Ce n’est qu’en 1974, sous l’impulsion de Simone Veil, que les mineures obtiennent le droit d’accéder anonymement à la contraception.
13 juillet 1983, Loi Roudy : Un pas décisif vers l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes
La loi n° 83-635 du 13 juillet 1983, dite loi Roudy, constitue une avancée législative majeure en matière d’égalité entre les hommes et les femmes dans le domaine professionnel. Elle pose un cadre juridique visant à lutter contre les discriminations de genre au travail et à promouvoir l’égalité des chances en matière d’embauche, de formation et de promotion professionnelle. Avant l’adoption de cette loi, le principe d’égalité entre les sexes dans le travail avait été reconnu par plusieurs textes législatifs et internationaux, tel que le préambule de la Constitution de 1946 disposant que « la loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l’homme ».
Mais aussi, la loi du 22 décembre 1972 établit le principe "à travail égal, salaire égal", mais son application reste limitée. Au niveau européen, des directives, notamment la directive n° 76/207/CEE du 9 février 1976, imposent aux États membres de prendre des mesures pour garantir l’égalité de traitement entre hommes et femmes en matière de travail. Malgré ces avancées, les inégalités persistent dans les faits : écarts de salaires, freins à la promotion professionnelle des femmes et discriminations à l’embauche. La loi Roudy vient ainsi renforcer ces dispositifs en instaurant des obligations concrètes pour les employeurs. Cette loi du 13 juillet 1983 va apporter plusieurs modifications au Code du travail en inscrivant dans la législation des principes contraignants pour assurer l’égalité professionnelle.
Ainsi, on peut en tirer différentes obligations, telles que, par exemple : Obligation pour les entreprises de plus de 50 salariés d’élaborer un rapport de situation comparée entre les hommes et les femmes en matière d’embauche, de formation, de promotion, de rémunération et de conditions de travail. Ce rapport doit être présenté aux représentants du personnel et peut entraîner des actions correctives en cas d’inégalités avérées. Cette loi va aussi lutter contre les discriminations à l’embauche, en effet les employeurs doivent garantir que les critères de sélection des candidats ne soient pas fondés sur le sexe, sauf dans des cas exceptionnels liés à la nature du poste. Enfin au niveau de l’encadrement des actions en justice, les salariées victimes de discrimination peuvent saisir les juridictions compétentes, et les organisations syndicales obtiennent le droit d’ester en justice pour défendre les droits des femmes au travail. Bien que la loi Roudy ait posé les bases d’un cadre juridique solide, son application reste inégale, notamment en raison d’un manque de contrôle effectif et de sanctions insuffisantes pour les entreprises ne respectant pas leurs obligations.
Loi Génisson (2001) : “Un Pas Décisif vers l'Égalité Professionnelle entre Hommes et Femmes
En 1983, la loi dite Roudy établit pour la première fois l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes. Mais une loi du 9 mai 2001, dite loi Génisson, va venir s’inscrire dans la continuité de la loi Roudy en ce qu’elle permettra la mise en œuvre des principes consacrés dans cette dernière. La loi Génisson est centrée sur l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes. Elle marque un tournant important concernant l’égalité salariale notamment en ce qu’elle oblige les entreprises à garantir une rémunération paritaire entre ses salariés hommes et femmes. Mais elle vise également à permettre la négociation des rémunérations, de la formation et des conditions de travail des femmes de sorte à ce qu’elles aient leur mot à dire au sein de l’entreprise. La loi Génisson met également en place des mesures visant à prévenir et lutter contre les discriminations sexistes en matière de recrutement, de formation, et de rémunération. Mais cette loi vise également à améliorer la conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle des femmes en instaurant des dispositifs pour encourager le congé parental et les aménagements de travail pour les parents.
Point clef sur l’évolution du droit à l’avortement en France :
Le droit à l’avortement en France résulte d’un long combat, marqué par des avancées législatives progressives et des résistances persistantes. Initialement interdit et sévèrement réprimé, ce droit a été conquis au prix de luttes acharnées
La loi du 31 juillet 1920 marque une première restriction majeure en interdisant la contraception et l’avortement. Ce texte instaure des sanctions particulièrement sévères, l’avortement devient un crime passible de 10 ans de prison et toute publicité en faveur de la contraception est prohibée. Cette législation vise alors à favoriser la natalité dans un contexte de reconstruction après la Première Guerre Mondiale
De plus, sous le régime de Vichy, l’avortement est élevé au rang de "crime contre l’État" en 1942. Il est désormais passible de la peine de mort. Cette sanction sera effectivement appliquée notamment à Marie-Louise Giraud, surnommée "faiseuse d’anges", qui a été condamnée pour avoir pratiqué des avortements clandestins.
Le procès de Bobigny de novembre 1972 est un tournant décisif en faveur du droit des femmes. En effet, le procès de Marie-Claire Chevallier, une adolescente âgée de 16 ans qui tombe enceinte après un viol et recourt à un avortement clandestin avec l’aide de sa mère est poursuivie en justice pour avortement clandestin. Dès lors, elle est défendue en justice par Gisèle Halimi, avocate et militante féministe, qui transforme ce procès en une tribune en faveur des droits des femmes et de la dépénalisation de l’avortement. Cet événement contribue à faire évoluer l’opinion publique et prépare le terrain à une réforme législative majeure.
Le 17 janvier 1975, après de longs débats parlementaires, la loi Veil est adoptée, légalisant ainsi l’interruption volontaire de grossesse (IVG) jusqu’à 10 semaines de grossesse. Toutefois, cette avancée demeure partielle car l’IVG reste soumise à des conditions strictes, n’est pas remboursée et peut être refusée par les médecins ou établissements hospitaliers.
De plus, à la fin du XXe siècle, plusieurs réformes viennent progressivement améliorer l’accès à l’IVG. En effet, le 12 octobre 1981, sous l’impulsion d’Yvette Roudy, ministre des Droits de la femme, le remboursement de l’IVG est fixé à 75 % et des centres IVG sont créés dans les hôpitaux publics. De plus, le 29 décembre 1982, une loi portée par Pierre Mauroy et Simone Veil consacre le remboursement intégral de l’IVG par la Sécurité sociale, rendant ce droit plus effectif notamment pour les femmes les plus précaires. Enfin, le 27 janvier 1993, la loi Neiertz instaure le délit d’entrave à l’IVG, interdisant toute forme de pression ou d’intimidation à l’encontre des femmes souhaitant avorter et du personnel médical pratiquant l’IVG.
Enfin, depuis le XXIe siècle le cadre légal de l’IVG continue d’évoluer pour en faciliter l’accès. En effet, 4 juillet 2001, le délai légal d’IVG est porté de 10 à 12 semaines. De plus, les mineures peuvent désormais avorter sans autorisation parentale, à condition d’être accompagnées d’un adulte de leur choix. Le 26 novembre 2014, la loi supprime la notion de "situation de détresse", reconnaissant l’IVG comme un droit inconditionnel, sans nécessité de justification. Le 2 mars 2022, en réponse aux difficultés d’accès à l’IVG, une loi prolonge le délai légal à 14 semaines de grossesse.
L’évolution du droit à l’avortement en France témoigne d’une lutte constante entre libertés individuelles et résistances idéologiques. De sa criminalisation à sa reconnaissance comme un droit fondamental, l’IVG a fait l’objet de débats intenses et d’avancées législatives progressives. Aujourd’hui, la France figure parmi les pays où ce droit est le plus protégé, bien que des défis subsistent, notamment en matière d’accès aux structures pratiquant l’IVG. Le 8 mars 2024, une loi constitutionnelle a modifié l’article 34 de la Constitution en précisant que "la loi détermine les conditions dans lesquelles s'exerce la liberté garantie à la femme de recourir à une interruption volontaire de grossesse". Adoptée à une large majorité par le Parlement réuni en Congrès à Versailles, cette réforme historique renforce la protection juridique de l’IVG en le mettant à l’abri d’éventuelles remises en cause législatives.
Dans un contexte international marqué par des reculs sur ce droit, comme aux États-Unis avec l’annulation de l’arrêt Roe v. Wade en 2022, la France devient le premier pays à inscrire explicitement l’IVG dans sa loi fondamentale, affirmant ainsi son engagement en faveur des droits des femmes et de l’égalité.
L'évolution des droits des femmes en France : le rôle des hommes dans ce combat juridique
L’évolution des droits des femmes en France est le fruit de luttes acharnées menées principalement par des militantes féministes. Toutefois, certains hommes ont joué un rôle décisif en soutenant et en impulsant des réformes majeures, notamment en matière de droits civiques, d’éducation et de protection juridique.
1. Les premières revendications pour l’égalité juridique
Dès le XVIIIe siècle, certains penseurs commencent à remettre en question l’exclusion des femmes de la sphère politique et juridique, en revendiquant une égalité des droits entre les sexes. Parmi eux, Condorcet se distingue par
Ses prises de position progressistes. Dans son ouvrage Sur l’admission des femmes au droit de cité (1790), il défend l’idée selon laquelle les principes révolutionnaires de liberté et d’égalité doivent s’appliquer de manière universelle, sans distinction de sexe. Pour lui, priver les femmes de leurs droits civiques est une incohérence au regard des idéaux de la Révolution française. Cette position est particulièrement audacieuse à une époque où le droit et la société reposent sur une hiérarchie strictement genrée, reléguant les femmes à un statut inférieur tant sur le plan juridique que social.
Au XIXe siècle, cette réflexion est poursuivie et approfondie par des figures comme Léon Richer, qui se consacre activement à la promotion des droits des femmes. Journaliste et militant féministe, il fonde en 1869 le journal Le Droit des femmes, un organe de presse entièrement dédié à la défense de leur émancipation juridique, économique et sociale. Convaincu que l’égalité passe par l’indépendance financière et l’accès à l’éducation, il milite pour une réforme du Code civil afin de garantir aux femmes un statut juridique plus juste. Son combat s’inscrit dans une période de transformation où la question des droits des femmes commence à être débattue dans la sphère publique, bien que les résistances restent fortes.
Ainsi, du XVIIIe au XIXe siècle, des penseurs et militants engagés ont progressivement posé les bases des revendications féministes modernes, en dénonçant les injustices juridiques et en plaidant pour une refonte des lois afin d’intégrer pleinement les femmes dans la citoyenneté et la vie économique. Ces réflexions, bien que minoritaires à leur époque, ont contribué à alimenter un mouvement qui prendra de l’ampleur au siècle suivant.
2. L’éducation : un levier d’émancipation juridique et sociale
L’accès à l’éducation a joué un rôle fondamental dans l’émancipation des femmes et leur intégration dans la société en tant que citoyennes à part entière.
Dans ce cadre, Ferdinand Buisson, en tant que directeur de l’enseignement primaire, a eu une influence déterminante. En contribuant à la mise en place des lois Jules Ferry (1881 et 1882), qui instaurent l’école gratuite, laïque et obligatoire, Buisson a permis aux filles d’accéder à une instruction équivalente à celle des garçons.
Cette réforme a eu un impact considérable sur le statut des femmes en France. En leur offrant l’accès à une éducation de qualité, elle leur a ouvert la voie à de nouvelles opportunités professionnelles et sociales. L’accès à l’école a en effet permis aux femmes d’acquérir des compétences intellectuelles, renforçant ainsi leur position sur le marché du travail et leur participation aux débats politiques. De plus, l’éducation a contribué à changer les mentalités, en favorisant la perception des femmes comme des sujets à part entière, capables de contribuer activement à la vie publique et économique.
En somme, l’instauration de l’école obligatoire pour les filles a marqué un tournant dans l’évolution du statut juridique des femmes, en jetant les bases de leur émancipation sociale et en préparant le terrain pour de futures avancées en matière de droits civiques et politiques.
3. Le droit de vote et la reconnaissance politique des femmes
L’acquisition du droit de vote par les femmes en 1944 représente un tournant majeur dans leur émancipation juridique et politique en France. Bien que des militantes féministes aient revendiqué ce droit dès le XIXe siècle, c’est sous l’impulsion de certains hommes politiques, tels que Fernand Grenier et Pierre Brossolette, que cette avancée s’est concrétisée. Leur influence au sein du gouvernement provisoire du général de Gaulle a permis l’adoption de l’ordonnance du 21 avril 1944, octroyant enfin aux femmes le droit de vote et d’éligibilité.
Cette réforme ne se limite pas à une simple reconnaissance électorale. Elle marque l’entrée des femmes dans la sphère politique et leur donne un pouvoir direct pour influer sur les réformes législatives et sociales. En leur accordant ce droit fondamental, l’ordonnance de 1944 a renforcé la capacité des femmes à participer à la création des lois qui les concernent, leur offrant ainsi un outil pour défendre et faire progresser leurs droits.
L’obtention du droit de vote a constitué bien plus qu’une simple victoire symbolique ; elle a permis aux femmes de s’impliquer pleinement dans la politique, devenant des actrices essentielles dans l’évolution juridique et sociale de la France.
4. L’évolution des droits civils et familiaux
Au XXe siècle, plusieurs figures masculines ont joué un rôle déterminant dans la transformation du droit de la famille et dans la reconnaissance de l’égalité des sexes. René Cassin, en rédigeant la Déclaration universelle des droits de l’homme en 1948, a inscrit l’égalité entre hommes et femmes comme un principe fondamental du droit international. Cette déclaration a été un texte clé, servant de référence à de nombreuses législations et réformes légales à travers le monde, établissant l’égalité des sexes comme un droit inaliénable.
Plus tard, Robert Badinter, en tant que ministre de la Justice, a apporté des réformes majeures en faveur des droits des femmes. Parmi ses actions notables, l'abolition de la distinction entre enfants légitimes et naturels en 1972 a marqué un progrès significatif vers l’égalité des femmes dans le droit de la famille. En outre, il a œuvré pour la réforme du droit du couple, afin de renforcer l’égalité juridique entre les époux, notamment en facilitant le divorce et en révisant certaines pratiques discriminatoires. Ces réformes ont contribué à la modernisation du droit français et à une plus grande reconnaissance des droits des femmes au sein de la famille et de la société.
5. Les avancées contemporaines en matière de protection et d’égalité
Bien que l’égalité entre les sexes soit juridiquement reconnue dans de nombreux pays, son application réelle reste un défi majeur. La simple reconnaissance de l’égalité des droits ne suffit pas à éradiquer les discriminations et les violences dont les femmes sont victimes au quotidien. Face à cette situation, des dirigeants comme Emmanuel Macron ont placé cette question au cœur de leur politique. Son gouvernement a mis en place des réformes législatives ambitieuses pour renforcer l’égalité entre les sexes et protéger les femmes contre les violences sexistes et sexuelles.
Une des réformes majeures a été la loi Schiappa de 2018, qui vise à améliorer la prise en charge des victimes de violences sexuelles et sexistes, notamment en renforçant les sanctions à l'encontre des auteurs de ces violences et en facilitant les démarches pour les victimes. Elle a introduit de nouvelles mesures pour assurer une meilleure réactivité des forces de l'ordre et des institutions face à ces crimes, tout en soutenant les victimes dans leurs démarches juridiques. Par ailleurs, cette loi a également instauré des mesures de prévention et de sensibilisation, notamment dans le milieu scolaire et professionnel.
Ces réformes sont cruciales pour transformer l'égalité théorique en une réalité vécue par les femmes. Elles visent à garantir non seulement la protection des droits acquis, mais aussi à mettre fin à un cycle de violences et de discriminations souvent invisibilisé. En plaçant la lutte contre les violences sexistes et sexuelles au cœur de son mandat, Emmanuel Macron a affirmé l’importance de poursuivre les efforts pour garantir une véritable égalité entre les sexes, non seulement sur le papier, mais également dans la vie quotidienne des citoyennes.
CONCLUSION :
L’histoire des droits des femmes est marquée par des avancées essentielles, obtenues grâce à des luttes acharnées et des engagements courageux. De la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges à la loi Roudy sur l’égalité professionnelle, chaque étape a contribué à façonner une société plus juste et plus égalitaire. Toutefois, malgré ces progrès, des inégalités subsistent encore aujourd’hui, que ce soit en matière de salaire, de représentation politique ou de lutte contre les violences.
La Journée internationale des droits des femmes est donc bien plus qu’une simple commémoration : c’est un rappel que l’égalité est un combat de chaque instant. Il appartient à chacun, femmes et hommes, de continuer à défendre ces droits et à œuvrer pour un avenir où les inégalités de genre ne seront plus qu’un souvenir du passé.
Ecrit par Faustine Grare, Elise Hage, Oriana Metarfi, Yaël El Haddioui