Le Bureau des Arts d’Artelis Tutorat inaugure sa première campagne de sensibilisation culturelle par une exploration visuelle et textuelle du pouvoir de l’art, dans ses dimensions sociales, politiques, et poétiques. À travers une sélection de citations fortes issues de traditions artistiques et militantes multiples, cette campagne entend ouvrir un espace de dialogue entre droit et culture, création et engagement, mémoire et avenir. 


Dans un contexte académique, souvent structuré par le raisonnement juridique et l’exigence formelle, le BDA souhaite faire émerger un contre-espace sensible et réflexif, où les formes artistiques dialoguent avec les luttes, les récits, les mémoires. Cette campagne s’appuie sur une iconographie de la parole : des mots choisis, parfois bruts, parfois délicats, toujours porteurs de sens. Des voix féminines et masculines, issues des diasporas, des cultures urbaines, du monde intellectuel ou militant, résonnent avec celles d’artistes, poètes, penseurs, juristes parfois, qui ont affirmé l’art comme un vecteur de liberté. 


Cette première campagne est pensée comme un point de départ. Elle ouvre un cycle où chaque membre, chaque étudiant·e, chaque visiteur·se est invité·e à prolonger la parole par sa propre création : écrire, peindre, performer, penser autrement. L’espace du BDA devient ainsi un laboratoire de sens, un lieu de réappropriation culturelle, et une passerelle entre l’univers du droit et celui des émotions. 


Ce projet n’est ni une exposition, ni une simple communication. Il est un manifeste visuel, un prologue sensible à ce que le Bureau des Arts souhaite devenir : Un lieu d’art vivant, un lieu d’idées, un lieu de luttes.



Dans la clarté sobre de ces quelques mots, Amadou Hampâté Bâ énonce une vérité précieuse : la beauté du monde réside dans sa diversité, dans la coexistence fragile mais féconde des formes, des récits, des langages. 

Énoncée dans une langue limpide, cette phrase est moins un constat qu’un geste, un acte de résistance face à l’uniformisation. Elle rappelle, avec la simplicité des sagesses anciennes, que la culture, pour croître, doit s’ouvrir. Que la différence ne saurait être crainte, car elle est ce qui fertilise, ce qui élève, ce qui transforme.


Né en 1901 dans l’actuel Mali, Amadou Hampâté Bâ fut l’un des grands passeurs de la tradition orale africaine au XXe siècle, écrivain, diplomate, penseur de la mémoire et du dialogue. Il disait que chaque vie qui meurt est une bibliothèque qui brûle. À travers ses œuvres, il n’a cessé de recueillir, préserver et transmettre les récits, les proverbes, les cosmologies des peuples d’Afrique de l’Ouest, dans leur richesse propre.

Dans un monde qui tend à marginaliser ce qui ne s’écrit pas, il a su faire entendre la parole non écrite, la pensée chantée, la sagesse transmise de bouche à oreille. Son œuvre devient ainsi un chant contre l’oubli, une architecture discrète mais essentielle dans le paysage intellectuel mondial.


En inscrivant cette phrase dans notre campagne, le Bureau des Arts entend rendre hommage à cetterencontre, non par l’exclusionvision généreuse de la culture : celle qui se construit par la rencontre, non par l’exclusionvision généreuse de la culture : celle qui se construit par la vision généreuse de la culture : celle qui se construit par la rencontre, non par l’exclusion. Celle qui accueille les imaginaires, les sensibilités, les héritages. Celle qui ne se défend pas en se fermant, mais en se déployant. Cette citation agit ici comme un socle, un seuil, au sein duquel s’ancrent toutes nos créations futures. Elle est le seuil d’un musée imaginaire où se croisent la poésie urbaine et le théâtre classique, les graffitis contemporains et les contes anciens, les danses de rue et les chants rituels.




La campagne du Bureau des Arts  se déploie à travers un panorama volontairement éclectique d’auteurs et d’artistes — figures historiques, voix contemporaines, personnalités engagées, artistes populaires ou penseurs parfois méconnus. Ce choix est au cœur même de notre démarche, qui place la pluralité des origines, des genres, des cultures, et des parcours au centre de la création artistique et culturelle.


En mêlant Aya Nakamura et André Malraux, ou encore Damso et Albert Camus, nous refusons la dichotomie entre culture dite « savante » et culture dite « populaire ». Ces figures appartiennent à des horizons sociaux, ethniques, et générationnels très différents, mais elles participent toutes d’un même souffle : celui de la quête de sens, de justice, de beauté. Ce choix est une invitation à dépasser les frontières, à déconstruire les hiérarchies culturelles héritées, souvent basées sur des critères élitistes ou exclusifs. Il incarne la conviction que la culture est un espace de rencontre, de frottement et d’enrichissement mutuel, et non un mur qui sépare.


Associer des voix féminines fortes, telles qu’Aya Nakamura ou Nina Simone, à celles d’hommes célèbres ou moins connus, manifeste aussi notre volonté d’équilibre et de visibilité. La campagne revendique l’importance de faire entendre les paroles des femmes artistes et penseuses, souvent minorées dans les discours dominants, et de porter une attention accrue aux questions de genre dans la création.


La campagne du BDA d’Artelis choisit délibérément de faire coexister des personnalités reconnues du grand public — qu’il s’agisse d’auteurs, d’artistes ou d’intellectuels — avec des figures moins exposées, souvent oubliées des projecteurs médiatiques. Cette double démarche est essentielle pour révéler la pluralité des parcours et la richesse plurielle des héritages culturels. Car la richesse culturelle ne se mesure pas uniquement à la notoriété ou à la visibilité. Elle se manifeste d’abord dans la profondeur des idées, dans la capacité d’une parole à interroger, à provoquer, à faire avancer la réflexion collective. C’est aussi dans l’intensité de l’engagement personnel et social, dans la force avec laquelle une pensée ou une création sait toucher, émouvoir, réveiller.


Par cette diversité, la campagne du BDA Artelis affirme que l’art et la culture sont avant tout des outils d’inclusion, d’émancipation et de dialogue. Ils sont des leviers pour questionner le monde, pour donner voix à celles et ceux qui ne l’ont pas toujours, pour tisser des ponts entre les différences. Ce kaléidoscope d’expressions est la traduction concrète de notre engagement humaniste, notre ambition d’ouvrir des espaces où chacun·e peut se reconnaître, s’enrichir et contribuer.


Un aphorisme à la fois sévère et libérateur. Dans cette formule ciselée, André Malraux affirme que la culture n’est pas une transmission passive, une tradition qui descend docilement de génération en génération. Elle est un combat, une quête, un arrachement — un acte de volonté, presque de résistance.

Loin de toute vision élitiste, cette phrase vient rappeler que la culture n’est pas le privilège d’un héritage, mais le fruit d’un effort, d’un engagement personnel et collectif. Elle doit être gagnée, méritée, travaillée. Chaque jeune, chaque citoyen, chaque étudiant doit aller vers elle, parfois contre les obstacles qu’on lui oppose.


Ministre fondateur du ministère des Affaires culturelles sous la Ve République, Malraux incarne l’idée d’une culture à la fois savante et populaire, d’un art qui s’adresse à tous, et non à quelques-uns. Résistant, écrivain, homme de musées autant que de mots, il fut l’un des premiers à penser l’action culturelle comme levier démocratique.


En inscrivant sa phrase au cœur de notre campagne, le BDA d’Artelis  revendique cette ambition fondatrice : rendre la culture accessible, mais sans jamais la vider de sa profondeur ni de sa complexitéambition fondatrice : rendre la culture accessible, mais sans jamais la vider de sa profondeur ni de sa complexité. Nous ne voulons pas simplifier — nous voulons transmettre avec exigence.


C’est là que le BDA prend toute sa place : non pas comme vitrine décorative, mais comme outil de conquête, comme atelier d’appropriation. À travers nos expositions, nos projections, nos scènes ouvertes, nos ateliers d’écriture ou nos ponts entre culture savante et culture populaire, nous offrons les armes — douces, symboliques, puissantes — pour que chacun puisse faire sienne une culture qui ne se limite pas à son origine sociale.



Artelis est aujourd’hui la première association de la Faculté des Sciences Juridiques, Politiques et Sociales de l’Université de Lille, tant par la diversité de ses actions que par l’ampleur de sa communauté. Elle réunit plus de 250 membres, dont une majorité sont des étudiants de Licence qui s’engagent pour la première fois dans la vie associative. De cette dynamique, Artelis s’est donnée pour mission d’accompagner les étudiants dans toutes les dimensions de leur formation : académique, sociale, culturelle et humaine. Son programme de tutorat entre pairs, son journal juridique étudiant, son Bureau des Étudiants (BDE)… forment déjà un socle solide. Le BDA vient aujourd’hui compléter ce dispositif en apportant une dimension artistique, sensible et créative à cet ensemble. 


La création du Bureau des Arts ne marque pas seulement une diversification des activités d’Artelis. Elle acte une transformation plus profonde, amorcée dès les premiers pas de l’association : celle de faire d’Artelis bien plus qu’un dispositif de tutorat. Si l’accompagnement pédagogique demeure notre socle et notre fierté, il n’est désormais qu’un point de départ. Artelis s’est construite avec la volonté d’être une porte d’entrée vers l’engagement associatif dans toute sa richesse, en donnant à chaque étudiant la possibilité de s’investir selon ses envies, ses talents, ses causes. 


Ce chemin se concrétise aujourd’hui par une double dynamique : Le développement de partenariats avec d’autres associations étudiantes, culturelles, solidaires ou citoyennes, pour multiplier les passerelles et encourager la co-construction. La structuration d’Artelis en tant que “méga-association”, capable d’intégrer en son sein plusieurs pôles d’action (tutorat, journal, BDE, BDA…), offrant ainsi aux étudiants un écosystème complet, vivant, cohérent.


Aujourd’hui, le Bureau des Arts (BDA) vient compléter ce dispositif avec un objectif clair : offrir à tous les étudiants une porte d’entrée vers la culture, dans ce qu’elle a de plus exigeant comme de plus accessible. Ce projet s’inscrit dans une volonté de proposer à tous les étudiants une expérience universitaire complète, où l’engagement, la transmission et la création coexistent. Le BDA est conçu comme un lieu d’expérimentation collective, où les talents émergents peuvent se révéler, où les regards se croisent, où le droit se pense en lien avec les imaginaires du monde.




Dans le paysage contemporain, Damso incarne une voix singulière, celle d’une génération multiple, hybride, en tension entre le chaos du réel et la recherche d’absolu. Rappeur, poète, parolier et producteur, il appartient à cette lignée d’artistes qui brouillent les frontières entre le populaire et le littéraire, entre l’intime et le politique.

En choisissant cette citation pour inaugurer notre campagne, le BDA affirme un positionnement clair : l’art légitime n’est pas celui qui se conforme, mais celui qui bouleverse, qui transgresse, qui vient de la rue comme des salons.Cette phrase de Damso dit tout ce que nous défendons : Que le rap n’est pas une sous-culture, mais une culture à part entière, qu’il est porteur de vérité, même brute, Qu’il est un art de lutte, contre les oppressions, les silences, les assignations, et qu’il est, enfin, un art d’amour, de soi, de l’autre, du monde.


Par cette citation, nous refusons les hiérarchies esthétiques. Le Bureau des Arts ne sera pas un sanctuaire figé, mais un espace vivant où se croisent les genres, les esthétiques, les langages. Nous voulons donner une place pleine et entière aux cultures urbaines, aux créations jeunes, à ces formes d’art qui naissent dans la rue, sur les réseaux, dans les marges, et qui redessinent la cartographie du sensible. Inscrire Damso sur nos murs, c’est assumer que le rap est une littérature contemporaine, que ses mots brûlent et apaisent, qu’ils construisent des ponts entre l’ombre et la lumière. C’est reconnaître que nos étudiants, nos générations, portent déjà cette culture, et qu’il serait absurde de l’exclure du dialogue artistique.


À travers cette citation, nous inscrivons le BDA dans son époque : une époque traversée par les mutations sociales, par des luttes identitaires, par une jeunesse en quête de sens, mais aussi de beauté. En plaçant le rap — et plus largement les cultures urbaines — au cœur de notre campagne, nous faisons un choix fort :



À l’occasion de sa première campagne de visibilité, le Bureau des Arts d’Artelis Tutorat a choisi d’affirmer une identité visuelle forte, immédiatement reconnaissable, fondée sur la tension graphique entre sobriété photographique, puissance chromatique et clarté typographique.


Chaque affiche repose sur une composition identique : un fond rouge vif, couleur emblématique du BDA, un portrait en noir et blanc de l’auteur ou de l’autrice de la citation, une phrase marquante inscrite en blanc, avec une typographie épurée. Ce triptyque visuel s’inscrit dans une tradition d’affiche militante et artistique à la fois. Il ne s’agit pas seulement de communiquer, mais de faire acte visuel, de produire un espace de dialogue entre le regard et la pensée, entre l’image et le mot



Rouge BDA : une couleur de présence

Le rouge ici s’affirme comme une présence active. Il capte l’œil sans appel, crée une tension visuelle immédiate, oblige à regarder. Il est le premier mot sans lettres, la première prise de parole du support. Là où d’autres campagnes choisiraient la discrétion, la nuance ou le fondu, celle-ci revendique l’éclat, l’intensité, la frontalité. C’est un rouge qui ne négocie pas : il affirme, comme l’art lui-même.


Historiquement, le rouge est la couleur des avant-gardes, des ruptures, des soulèvements. Il est celui des toiles de Matisse, des drapeaux de la Commune, des scènes de théâtre politique. Il convoque à la fois la passion et l’alerte, l’élan vital et la revendication. Dans le contexte de cette campagne, il incarne autant la fièvre de créer que la nécessité de dire. Il est le souffle de l’expression artistique, dans ce qu’elle a de plus engagé.


Ce rouge n’est donc pas un simple fond. En cela, le rouge BDA agit comme une scène symbolique : il place chaque figure citée sur un plateau mental, un espace d’écoute et de projection. Il transforme l’affiche en acte artistique, et l’acte artistique en événement culturel. Il dit au spectateur : « Regarde. Lis. Réagis. »



Le noir et blanc : pour un portrait intemporel

Le choix de photographies en noir et blanc s’inscrit dans une volonté de neutralité esthétique et de résonance intemporelle.Dénués de distraction colorée, ces visages captent l’attention dans leur pureté expressive. Le noir et blanc agit ici comme une mise à distance respectueuse, tout en restituant au regard sa densité propre. Il évoque l’archive, l’engagement, la permanence des figures choisies. 


Le blanc typographique : la clarté de la pensée Inscrites en blanc pur.


Dans la scénographie visuelle de cette campagne, le choix de la lettre capitale blanche n’est jamais gratuit. Il constitue au contraire un geste typographique fort, un choix de langage visuel qui revendique autant qu’il expose. En inscrivant chaque citation en majuscules, le Bureau des Arts fait le choix d’une parole qui ne chuchote pas, mais qui affirme, proclame, porte. Les majuscules abolissent la hiérarchie interne du mot : il n’y a plus de capitale initiale, plus de lettres discrètes — chaque signe devient égal en intensité, chaque terme participe d’un discours totalement assumé, délivré avec la même force d’impact. La typographie en capitales ne crie pas, elle projette : elle donne à lire comme on donne à voir, frontalement, sans détour ni timidité


Le blanc dans lequel cette typographie s’inscrit joue, quant à lui, un rôle d’équilibre visuel et symbolique. Sur le fond rouge vif, il agit comme une détonation visuelle, un surgissement de clarté. Le blanc n’est pas neutre : il est ici porte-lumière, éclat de pensée, urgence poétique. Il contraste non seulement avec la couleur du fond, mais aussi avec la photographie en noir et blanc de la figure, qu’il vient interrompre sans jamais l’effacer. 


Par la répétition des codes visuels, chaque affiche devient un fragment d’un ensemble discursif cohérent. Cette campagne ne juxtapose pas des figures : elle tisse une constellation, une polyphonie de voix qui disent, ensemble, que l’art est un droit, une langue, un espace de lutte et de beauté. À travers cette démarche, le Bureau des Arts d’Artelis entend revaloriser la parole artistique dans toute sa diversité culturelle, générationnelle et politique, et affirmer sa place dans la formation des consciences critiques.


Au cœur de cette phrase, c’est toute la nature subversive et vivante de l’art qui se révèle. Nina Simone, figure emblématique de la musique et de la lutte pour les droits civiques, pose un acte de vérité : l’art n’est jamais neutre. Il est force qui ébranle, qui questionne les certitudes établies, qui bouscule le calme artificiel du confort.  


Mais au-delà de cette fonction de dérangement, elle souligne aussi un autre rôle, tout aussi vital : celui de rassembler ceux que la société marginalise, d’offrir refuge et reconnaissance aux « dérangés », aux exclus, aux voix délaissées. L’art devient alors un sanctuaire et un cri, un espace où se tissent l’espoir et la résistance.


Nina Simone (1933-2003) fut avant tout une artiste aux mille facettes : pianiste, chanteuse, compositrice, mais aussi militante infatigable. Sa musique, teintée de jazz, de blues, de gospel, porte la mémoire d’un combat incessant contre les injustices raciales et sociales.


En citant Nina Simone, le Bureau des Arts affirme sa vocation de lieu où l’art est un moteur de conscience et de changement. Ce n’est pas un simple espace d’expression esthétique, mais un creuset où se confrontent et se mêlent le politique, le social, le personnel.



L’art, dans sa richesse et sa pluralité, est un langage qui transcende les disciplines. Il ne se contente pas d’orner le réel, il l’interroge, le déplace, le révèle. Loin d’être périphérique, il est au contraire central dans toute démarche de compréhension du monde — et donc, du droit lui-même. Par ses formes multiples, il questionne les évidences, donne à ressentir ce que les normes taisent, rend visibles les marges et les silences du discours juridique. Créer un Bureau des Arts au sein d’une association de droit peut sembler, au premier regard, inattendu. Mais pour Artelis, il s’agit là d’une évidence. L’évidence que le droit et l’art partagent une même finalité : celle d’interroger le monde, de le rendre plus juste, plus lisible, plus humain.



Artelis, en tant qu’association étudiante engagée dans le tutorat en droit, porte au cœur de son action une conviction forte : l’excellence académique ne peut se concevoir sans une ouverture culturelle élargie. 


L’art, dans sa richesse et sa diversité, est avant tout un langage sensible, capable de traverser les frontières des disciplines et des savoirs. Il invite à questionner le monde autrement que par la raison seule, à ressentir des émotions qui échappent aux catégories juridiques, à interpréter les réalités complexes qui sous-tendent les normes avec une profondeur renouvelée.


Contrairement à une vision réductrice du droit comme un simple mécanisme formel, l’art révèle les multiplicités des vécus, des histoires, des tensions humaines que le droit cherche à organiser. Il met en lumière les zones d’ombre, les conflits latents, les injustices invisibles qui habitent les règles. Par sa puissance évocatrice, il fait entendre les voix souvent inaudibles dans les discours officiels — celles des minorités, des marginalisés, des oubliés. Ce rôle d’interprète sensible et de révélateur fait de l’art un allié précieux pour le droit, en particulier dans un contexte où les défis sociaux, politiques et humains sont toujours plus complexes.


Le Bureau des Arts d’Artelis se donne pour mission de créer un espace où cette rencontre féconde entre droit et culture peut s’épanouir pleinement. En rassemblant les talents artistiques de ses membres, il orchestre des projets ambitieux qui prennent la forme d’expositions, de performances, de créations visuelles, d’ateliers de pratiques artistiques, ou encore de débats croisant les regards juridiques et culturels. Cette démarche transversale ouvre la voie à une nouvelle compréhension du droit, à une connaissance plus ouverte, plus engagée et plus authentique, où la culture artistique devient un levier d’émancipation, de dialogue et d’innovation.



Dans cette phrase où s’entrelacent puissance et souveraineté, Aya Nakamura affirme une chose rare : l’absolue légitimité d’une femme noire dans l’espace artistique contemporain. Ni une métaphore de courtoisie, ni une provocation gratuite, cette déclaration est un acte de maîtrise. Elle affirme : je suis ici chez moi. Je ne demande plus l’accès. Je suis le centre, et le reste tourne autour


Aya Nakamura, née en 1995, est aujourd’hui l’une des artistes francophones les plus écoutées au monde. Issue d’Aulnay-sous-Bois, d’origine malienne, elle a su imposer une esthétique vocale, linguistique et visuelle qui déroute les formats normés de la pop, tout en les redéfinissant de l’intérieur. Ses chansons mêlent l’argot, les créoles, les sonorités de Bamako et les codes de la mode urbaine. Elle n’a jamais cherché à lisser ses angles — elle en a fait sa force. La scène, pour elle, est plus qu’un espace d’expression : c’est un territoire de souveraineté

Parce que le Bureau des Arts est aussi un lieu où l’on interroge la manière dont le pouvoir circule dans les représentations : Qui a le droit de se dire artiste ? Qui a le droit d’occuper la scène ? Et que signifie, aujourd’hui, être « reine de son art » dans une société encore traversée de hiérarchies culturelles, sociales et raciales ?  En affichant cette citation, nous rendons visible un art populaire, urbain, féminin, trop souvent relégué à la marge, et qui pourtant déborde, crée, invente, inspire.


Cette citation n’est pas simplement un cri d’orgueil : elle est une pédagogie de l’estime de soi, un apprentissage de la légitimité. En tant qu’espace de création, le BDA se doit d’ouvrir la voie à toutes les formes de grandeur : celles qui viennent du silence et de l’ombre comme celles qui éclatent sous les projecteurs.​




Dans cette affirmation sans détour, Toni Morrison affirme ce que bien des artistes ont pressenti sans toujours le dire : l’art n’est jamais neutre. Il dit le monde, le rêve, le conteste. Il révèle les angles morts. Il fait entendre ce qui était tu. Il interroge le pouvoir, les silences, les marges. Même quand il ne parle pas explicitement de politique, l’art engage, car il fait voir — et ce qu’on voit, on ne peut plus l’ignorer.


Toni Morrison (1931–2019), prix Nobel de littérature, est l’une des plus grandes voix de la littérature afro-américaine et mondiale. Romancière, éditrice, intellectuelle, elle n’a jamais cessé d’écrire pour reconstruire la mémoire des esclaves, des femmes, des invisibles, avec une langue à la fois lyrique et implacable. 


Ses romans — BelovedThe Bluest EyeSulaSong of Solomon — ne sont pas seulement des fictions : ce sont des gestes de réparation. Par son art, elle redonne aux opprimés la maîtrise du récit, le droit à la parole, à la beauté, à la douleur, à l’humanité. Dire que « toute œuvre d’art est politique », chez Morrison, ce n’est pas dénoncer un endoctrinement. C’est affirmer que l’art, en refusant l’oubli, prend toujours parti. Il fait exister ceux qu’on voudrait effacer. Il oblige à regarder.


Ce choix, enfin, ancre le Bureau des Arts dans une tradition intellectuelle exigeante : celle qui relie l’art à la pensée, la création à l’engagement, la sensibilité à l’éthique. Car dans une école de droit, où l’on apprend à dire le juste, le BDA rappelle que la justice passe aussi par l’imaginaire. Et que tout imaginaire est, à sa manière, un combat.